Édition du vendredi 30 mai 2003
Le risque de grève se concrétise pour la semaine prochaine
La perspective d'une grève importante dans les transports terrestres et aériens semble se concrétiser pour la semaine prochaine, en dépit des nombreuses tentatives du gouvernement de rassurer les bénéficiaires de régimes spéciaux de retraite, notamment les cheminots et agents de la RATP.
Alors que le projet de loi sur les retraites a été adopté mercredi en Conseil des ministres, des préavis de grève, reconductible ou illimitée, ont été déposés à la SNCF comme à la RATP, à partir du lundi 2 juin au soir, ainsi qu'à la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), augurant de nouvelles journées noires pour les usagers. Ces derniers jours, gouvernement et directions de la SNCF et de la RATP ont cherché à désamorcer le conflit, multipliant réunions et courriers pour tenter de convaincre que les régimes spéciaux ne seront pas touchés.
Le résultat est mitigé: à la RATP, cinq syndicats ont finalement décidé de ne pas se joindre au mouvement, mais à la SNCF, seules deux des six fédérations, la Fgaac (autonomes, 2e chez les conducteurs) et la CFTC (6ème syndicat) n'appellent pas à la grève. Reçus vendredi par la présidente de la RATP, puis lundi au ministère des Transports, Unsa, FO, CFDT, FSI (indépendants) et CFTC affirment avoir obtenu des garanties "formalisées par courrier" concernant leur régime.
Mais pour la CGT, majoritaire, les différents propos et écrits de Mme Idrac et de Gilles de Robien "n'enlèvent rien au fait que le projet de loi du gouvernement les concerne bien". Or, si elle se retrouve seule en piste pour la grève, un fort impact sur le trafic du métro parisien n'est pas à exclure: après le 13 mai, la CGT avait en effet prolongé seule le mouvement, via des assemblées générales, et provoqué de très importantes perturbations sur le réseau.
Côté SNCF, pouvoirs publics et direction n'ont rassuré que la Fgaac et la CFTC. "Ils ont envoyé l'artillerie lourde", a ainsi commenté son secrétaire général, William La Rocca. "On a sauvegardé le régime des cheminots pour plusieurs années. Cela dit, si on est attaqués de front, on sera les premiers à se battre", a-t-il néanmoins averti. Mais les fédérations CGT, CFDT, FO, Unsa et Sud-Rail, incrédules, demandent: "Qui peut croire que les conditions du régime spécial seraient sauvegardées alors que le gouvernement a construit sa réforme sur la base de l'harmonisation des régimes du secteur public sur celui du secteur privé?".
Dans le transport aérien, c'est le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, qui a multiplié les rencontres avec les syndicats de la DGAC. Il n'a pu convaincre que le SNCTA (le premier syndicat des contrôleurs aérien) sur le devenir du régime spécifique de retraites des aiguilleurs du ciel. Mais la CGT, deuxième syndicat pour cette catégorie et premier pour l'ensemble du personnel de la DGAC, estime n'avoir rien obtenu, ni pour les aiguilleurs ni pour les autres salariés soumis au régime de la Fonction publique. Mardi, la grève à la DGAC, à l'appel de la CGT et de FO, avait entraîné l'annulation de 70% des vols.
Dix syndicats d'Air France (CGT, UGICT/CGT, FO, FO-Cadres, CFDT, CFTC, Unsa, SNMSAC, ALTER et Sud Aérien) ont par ailleurs appelé à une grève de 24 heures mardi. D'autres secteurs des transports sont également appelés à la grève par les fédérations CGT, CFDT et FO: transports urbains de province, routiers et transporteurs de fonds, notamment.<scrip
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